Un  secteur aérien  vraiment agressif !

Le groupe KLM, Delta Air Lines, Corendon, EasyJet et TUI ont décidé d’attaquer en justice la décision du gouvernement Néerlandais de passer de 500 000 à 460 000 par an à partir de novembre 2023 puis à 440 000 vols annuels en 2024. Cela représente donc une diminution de 4 % en 2023 et de 4,3 % en 2024. C’est bien plus que ce que pourront obtenir les compagnies en termes de réduction des émissions sur ces deux années. A titre d’exemple, British Airways, si l’on en croit le rapport publié pour l’année 2022, a réduit son impact climatique de 0,33% grâce aux actions mises en place en 2022. Cela montre à quel point la décarbonation du secteur aérien sera difficile.
Le gouvernement néerlandais a décidé de prendre le taureau par les cornes en imposant une limitation de trafic, c’est une décision très sage qui suit les recommandations scientifiques. L’urgence ne nous donne pas le loisir d’attendre pour diminuer nos émissions, tous secteurs confondus d’ailleurs. Et parler de risques pour l’emploi n’a pas de sens, car il est possible ici d’adapter les temps de travail pour travailler moins et travailler tous et toutes dans de meilleures conditions. Quel est le risque le plus probable pour l’emploi : diminuer progressivement le nombre de vols polluants ou contribuer de plus en plus au dépassement des limites planétaires ? « La question est vite répondue ».

Une question pertinente que les compagnies auraient pu poser est de savoir si le port d’Amsterdam allait avoir le même type de contrainte par une diminution imposée du trafic. En effet, les deux types de transport ont quelques similitudes frappantes en ce qui concerne leur décarbonation.

En 1999, le GIEC publiait un rapport spécifique à l’aviation internationale. Nous étions alors à plus de 20 millions de vols annuels pour environ 520 millions de tonnes de CO2 émis (soit déjà plus d’un milliard de CO2 équivalent en prenant en compte les effets non CO2).
En 2019, plus de 38 millions de vols ont été opérés dans le monde pour environ 1 milliard de tonnes de CO2 émis dans l’atmosphère (soit minimum 2 milliards de CO2 équivalent).
A l’instar d’autres secteurs, les rapports du GIEC n’ont pas permis de réduire, ni même de ralentir, la hausse des émissions globales de l’aviation due à l’augmentation du trafic. Et ceci malgré les avancées technologiques obtenues pendant ces 20 dernières années.
Comment en serait-il autrement dans le futur si nous continuons à vouloir doubler le trafic d’ici 2045 comme prévu par Airbus et Boeing ? 

Personne ne prétend que la décarbonation du secteur aéronautique est aisée. D’aucuns parlent même du plus grand défi que le secteur va devoir surmonter. Mais vouloir décarboner en maintenant la croissance du trafic n’est pas un défi, c’est un dangereux leurre, maintes fois dénoncé par la communauté scientifique et relayé par les associations.
Compte tenu de l’urgence et des catastrophes qui s’accumulent, l’entêtement à faire croître le trafic aérien est une grave erreur. Ce sont les mêmes personnes qui assurent que la science va tout résoudre qui ignorent les alertes des scientifiques. Cette ignorance n’est pas passive, bien au contraire elle est organisée et agressive envers toutes celles et ceux qui refusent les mensonges d’un secteur auquel on tente d’imposer une régulation contraignante. Cette hostilité se retrouve dans l’action en justice menée par ces compagnies envers le gouvernement néerlandais. Or, l’action du gouvernement de nos voisins est positive et devrait être suivie par toute l’Europe. Oui, limiter le trafic le temps que les innovations permettent de croître de nouveau sans augmenter les nuisances ni les émissions de GES (Gaz à Effets de Serre) est une sage décision.

Nous avions soutenu cette décision au moment de l’annonce du gouvernement Néerlandais, nous réaffirmons aujourd’hui notre soutien ! Et nous allons plus loin en demandant :

  • Un moratoire sur les extensions d’aéroports et toute installation ayant pour conséquence directe ou indirecte une augmentation du trafic aérien
  • Une limitation du nombre de vols sur tous les aéroports européens
  • Une limitation des émissions de GES à mesurer au départ (50%) et à l’arrivée (50%) pour chaque aéroport et à fixer et revoir à la baisse chaque année, alignée sur les trajectoires 1,5°C (soit 7 à 8% de réduction des émissions par an).
  • Une taxe aux frontières pour éviter les distorsions de compétitivité avec nos voisins extra-européens dont nous ne pouvons pas contrôler les normes environnementales. Cela pourrait même aller jusqu’à l’interdiction de compagnies ou d’avions ne respectant pas nos normes en s’inspirant de ce qui est fait avec les normes de sécurité (c’est déjà le cas dans le secteur maritime où des bateaux trop polluants sont interdits dans les ports européens).

Comme l’avait affirmé Thibaud Normand, responsable développement durable de SAFRAN, aux Assises de l’aviation en 2021 : « Donnez-nous un cadre et nous saurons nous y adapter ».
Certaines entreprises étant incapables de s’autoréguler, et le marché se révélant inapte à prendre la mesure des catastrophes actuelles et futures si nous continuons avec les politiques en place, imposons un cadre contraignant aux entreprises de tous les secteurs. Il est temps de mettre l’économie au service de la baisse des émissions de GES et de contrer le lobbying européen du secteur aéronautique pour intégrer la liste des activités vertes.
Pour répondre à l’urgence, il n’y a pas d’autre chemin que celui de la sobriété, dans l’aérien comme ailleurs.

Suivons Amsterdam et limitons le trafic dans nos aéroports !

Le collectif PAD

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