La situation sociale actuelle dans le secteur aérien tranche avec ce qui est présenté par certaines entreprises, consultants ou ministres sur l’avenir du trafic aérien et de l’aéronautique dans son ensemble.
Alors que des centaines de salariés sont licenciés ou en passe de l’être, alors que des dizaines de dépôts de bilan sont en cours, alors que des milliers de salariés sont en ce moment soumis au chômage partiel, comment comprendre que des innovations technologiques soient présentées comme des solutions pour atteindre une division par 3 des émissions de CO2 d’ici 2050 malgré une croissance du trafic aérien estimée à 4% par an? Rappelons que, historiquement, l’efficacité technologique n’a pas permis de réduire les émissions du trafic aérien car, malgré les crises de 2001 ou 2008, la croissance du trafic a toujours été plus élevée que les gains obtenus par l’efficacité énergétique.
En admettant qu’une rupture technologique émerge rapidement et en mettant de côté l’effet rebond, qui va travailler sur ces ruptures technologiques ? Les salariés qui sont licenciés aujourd’hui ? Qui va financer les quelques 800 milliards d’euros annoncés pour développer ces solutions technologiques ? Les mêmes qui licencient pour diminuer les coûts aujourd’hui?
Alors que l’heure est aux licenciements et aux plans sociaux de masse, cessons les communications marketing !
Non, tout ne va pas bien, nombres de sous-traitants de second ordre, comme ils ont été désignés, souffrent mois après mois dans le plus grand silence, cachés par les grandes déclarations d’Airbus pour un avion Zero-E. Airbus qui annonce pas moins de 15 000 suppressions de postes. Qui va donc penser et construire ce nouvel avion en moins de 15 ans?
Nous, le collectif ICARE, et d’autres, ne formulons pas les mêmes conclusions ni les mêmes perspectives.
Pour répondre à l’urgence sociale et climatique actuelle, nous proposons également des projets, des accompagnements, des stratégies et demandons le droit à la parole. Nous exigeons que les avis des salariés soient pris en compte dans les stratégies des entreprises.
Nous exigeons que les salariés soient accompagnés sans distinction jusqu’à la fin de leur conversion personnelle ou collective. Les salariés n’ont pas à être les victimes d’un système dans lequel ils n’ont jamais eu voix au chapitre. Les salariés ont des compétences utiles à la transition écologique et certains souhaitent se reconvertir, aidons les !
Cette exigence s’applique à tous les secteurs qui doivent également faire leur transition, nous pensons notamment à nos collègues de l’automobile, du maritime, de l’agriculture ou du numérique. Les réponses ne peuvent pas être uni-sectorielles.
Enfin, les dizaines de milliards d’argent public, accordés hier et prévus demain pour les entreprises, devraient a minima être soumis au vote populaire après un réel débat pour que les choix faits pour les 30 prochaines années soient partagés.