MeToo aviation : impunité dans les airs comme sur terre ?

Comme l’écologie politique nous l’apprend, la domination de la nature va de pair avec la domination masculine. 

Si l’on ne peut plus reprocher à Air France de taire les problèmes environnementaux liés à ses activités, il semble que les agressions sexistes et sexuelles ternissent trop « l’élégance à la française » pour pouvoir être librement dénoncées et pleinement prises en compte au sein de la compagnie nationale.

L’enquête de Radio France a étonnamment fait peu de bruit malgré l’ampleur des révélations avec près de la moitié des hôtesses et stewards de la compagnie qui « estiment que leurs relations avec les pilotes sont gênantes ou très gênantes ». Le lien vers l’enquête : https://www.francetvinfo.fr/enquetes-franceinfo/enquete-harcelement-et-agressions-sexuelles-chez-air-france-que-la-honte-change-de-camp_7073019.html 

L’enquête révèle que l’omerta est de mise pour étouffer les nombreux délits signalés par les navigantes. L’image d’excellence est ici aussi montrée du doigt : on ne pourrait pas toucher « à la toute puissance des pilotes ». 

Comme on a pu dire à certain·es salarié·es écolos : « l’aéronautique tu l’aimes ou tu la quittes », aurait-on dit la même chose à des femmes pilotes ou hôtesses de l’air victimes d’agressions ? 

Selon le syndicat national des PNC une campagne d’affichage a été refusée pour « raison écologique » ! C’est difficile à croire mais « plus c’est gros plus ça passe ! » comme pourrait dire un pilote (sic) ! Air France semble avoir corrigé le plan de vol depuis avec une formation entre 2023 et 2024 pour l’ensemble de ses salariés ainsi que ses équipes de direction. Au vu des révélations cette année il semble que ce soit loin d’être suffisant ! Le syndicat national des pilotes de ligne a-t-il enfin signé la charte anti-harcèlement ?

Quid des autres compagnies ? 

Quid du secteur aéronautique dans son ensemble dont les métiers sont très genrés ? En 2023 les statistiques mondiales sont édifiantes, 4 à 6 % des pilotes étaient des femmes tandis que 97% des ingénieurs et techniciens de l’aéronautique étaient des hommes. Seule l’activité de contrôle sort du lot avec un peu plus de 20% de femmes représentées. Il y a quelques miles de retard ! 

Lien vers les statistiques du secteur : https://www.icao.int/Newsroom/Pages/FR/ICAO-releases-survey-data-on-status-of-global-aviation-gender-equality.aspx

Début mars 2020 des étudiantes et salariées de l’ENAC lançaient un appel alarmant : « Le manque de parité parmi les étudiants de notre école est flagrant : «Nous déplorons que le nombre de jeunes femmes dans les formations ENAC n’ait que très peu augmenté sur les 20 dernières années : 24% d’étudiantes dont 12% de pilotes, 28% de contrôleuses aérien, 20% d’ingénieures » mais le covid malheureusement a emporté cet appel que vous pouvez retrouver via ce lien : https://exploratheque.net/articles/appel-la-feminisation-des-metiers-de-l-aviation-civile-et-de-l-aeronautique 

Avec des étudiantes si peu nombreuses et des équipes si peu paritaires, les femmes ont-elles les moyens de se faire entendre dans le secteur aéronautique ? 

L’aéronautique de demain ne saurait être l’affaire d’hommes. Nous appelons à ce que le ciel soit mieux partagé et qu’aucun crime ou délit ne reste impuni. 

Un espace aérien moins masculiniste est une des conditions pour une aéronautique soutenable. 

Le collectif PAD

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