Airbus Atlantic : Produire des avions fossiles de 4h45 à 21h05 pour les 11 prochaines années

Ouest France relevait cette réalité le 14 décembre dernier : la production d’avions chez Airbus Atlantic en Loire Atlantique est effective de 4h45 à 21h05. Deux équipes, dites « en deux-huit », se relaient ainsi pour produire des avions, ce qui permet d’optimiser l’appareil de production de l’entreprise. S’agit-il d’avions décarbonés ? Non. En pleine urgence climatique, des hommes et des femmes doivent se lever en pleine nuit pour aller produire des avions entièrement  fossiles. C’est un non sens. C’est bien loin de la nécessité d’engager au plus vite la transition du secteur aéronautique. 
Pire, Airbus planifie une augmentation des cadences pour répondre aux besoins du marché. Pour cela, Ouest France indique « qu’Airbus Atlantic a du travail pour onze ans avec dix mille appareils à construire », et, pour cela, « la CGT indique que la production des A320 en 2024 va augmenter de 15%, celle des A330 de 47% et celles des A350 de 30% ». On use donc les corps et les esprits pour contribuer au doublement des avions d’ici 2045 comme le planifie notre « fleuron » européen.

Néanmoins, dans un article une autre entreprise majeure du secteur, Safran « met en garde contre des objectifs de production « irréalistes » ». Entre temps, le nombre de livraisons d’Airbus (735) ont dépassé les objectifs que l’entreprise s’était fixés pour 2023 (720). Certains ont dû passer les fêtes derrière les lignes de production !

Rappelons ici qu’Airbus a engrangé quelques 4,2 milliards d’euros de bénéfices nets en 2021 ainsi qu’en 2022, et semble bien parti pour réaliser au moins 4 milliards en 2023. En 2024, le groupe aéronautique met en application l’accord groupe appelé RELOAD. Cet accord est la mise en application de la nouvelle convention collective au niveau de la branche métallurgie (qui concerne 1,4 millions de salariés en France). La CGT, qui n’a pas voulu signer ni la nouvelle convention collective, ni cet accord de branche, indique que « c’est un changement de paradigme notamment avec la nouvelle classification, les nouvelles grilles de rémunérations, la durée du temps de travail et les congés. Un vrai recul social. »

Où vont donc ces milliards de profits s’ils ne permettent pas d’améliorer les conditions de travail, ni d’augmenter les salaires, ni d’investir dans la transition écologique ? (dans la finance…)

La plupart des médias sont éblouis par les sommes fabuleuses engrangées lors des contrats signés par Airbus et usent de tous les superlatifs possibles pour décrire les bénéfices records, à quand une critique franche et claire des conditions de travail d’une part, et, de cette stratégie d’accélération en pleine urgence climatique d’autre part ?
Cela prouve que la logique de rentabilité du groupe se fait toujours plus au détriment des salariés et de l’environnement.

Le groupe ne ménage pourtant aucune communication pour attirer les talents et recruter à l’envi en promouvant un « virage écologique » qui ne sera pourtant pas suffisant pour répondre aux enjeux climatiques. Des mesures de sobriété, c’est-à-dire de limitation du trafic aérien sont incontournables (faites vos propres simulations grâce à l’outil AeroMAPS de l’ISAE SUPAERO), au travers notamment de nouvelles réglementations (à l’image des règlementations environnementales mises en place dans la filière automobile par exemple).

Pour accompagner ces changements et préserver l’emploi, nous devons remettre en débat l’idée de la diversification partielle de la filière aéronautique au profit de la transition écologique. Par exemple : répondre aux besoins maritimes qui nécessitent la remise en service d’une flotte à voile sur le modèle de Windcoop. Nous pourrions aussi développer sur le sol européen le recyclage d’avions et utiliser les ressources pour produire des éléments de trains, de tram ou de bus. Nous pourrions aussi territorialiser toute la maintenance des avions produits par Airbus pour éviter parfois les vols à vide vers les centres de maintenance délocalisés. 
Tarder dans la mise en place de mesures d’accompagnement d’une réduction du trafic, c’est la rendre plus difficile et plus brutale à terme. Au lieu d’être décidée et mise en place collectivement et de façon réfléchie, elle s’imposera avec une grande violence sociale.  

Nous devons également travailler pour remettre les salarié-e-s au centre de la gouvernance des entreprises car ils sont les premiers concernés. Leurs compétences et leur expertise sont essentielles pour proposer des stratégies d’adaptation, tant au niveau de l’appareil industriel que des savoir-faire.

Le collectif PAD

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